Karachi
en ce temps s'appelait Manora. C'était un minuscule port de pèche
quand il fut pris par les Mirs de Talpur en 1795. Aujourd'hui, bien que la ville
ait changée, et que le gigantesque port des chantiers navals se soit
développé, il reste, parmi toute cette industrialisation, le petit
port de pèche d'autrefois. Certes, celui ci a perdu son charme d'antan.
Les felouques et les bateaux s'entassent les uns aux autres dans un tel désordre,
que vouloir sortir un bateau du port semble tirer du miracle.
Les eaux du port sont d'une saleté inqualifiable : il se trouve à
l'embouchure de la rivière Layari dans laquelle se déverse égouts
urbains et industriels. Ainsi, tout ce que Karachi compte de rejets se retrouve
concentré dans le vieux port.
Pourtant, il est toujours possible de louer un bateau pour la soirée
avec son équipage, partir voguer au gré du vent au milieu des
carcasses rouillées et du kérosène flottant, pécher
le crabe et le déguster en boulette sur le pont du bateau.